Le super-radar débarque en force dans les villes suisses
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Le Trafistar SR590 est capable de suivre 22 véhicules en même temps sur quatre pistes et une distance de 500 mètres
Un nouveau radar analyse les mouvements de vingt
véhicules en même temps. Grâce à lui, la police verbalisera bientôt
l'utilisation de voies de bus, le non-respect d'un stop ou le
franchissement d'une ligne blanche. Genève est déjà équipée
Les chauffards n'ont qu'à bien se tenir: le super-radar testé depuis
trois semaines à Genève sera mis en service à la fin du mois d'août. Et
les amendes vont pleuvoir. «Les premiers résultats au bout du pont du
Mont-Blanc sont concluants, confirme le maréchal Jean-Marc Pecorini,
chef de la brigade du trafic de la police cantonale de Genève; nous
sommes très satisfaits de l'appareil.»
Il a de quoi l'être: le tout nouveau radar est capable de suivre la
trajectoire de 22 véhicules simultanément sur quatre pistes, sur une
distance de 500 mètres. C'est bien plus que tous les radars classiques,
qui se contentent de deux voies au maximum et quelques véhicules. Mais
le meilleur est à venir.
A ce stade, le Trafistar SR590 détecte juste les excès de vitesse et
les feux rouges grillés. Bientôt, toutefois, une longue série
d'infractions pourra être sanctionnée par ce petit bijou à 80 000
francs: non-respect d'une interdiction de bifurquer; franchissement
d'une ligne blanche; non-respect d'un stop; distance de sécurité entre
deux véhicules; priorité aux piétons sur les passages cloutés; priorité
de droite; dépassement illicite avec un deux-roues; utilisation non
autorisée d'une ligne de bus ou d'une piste cyclable!
Toutes les fonctions en 2011Le fabricant de
l'appareil va progressivement implémenter ces différentes fonctions dans
le logiciel. «Les premières seront disponibles dans quelques semaines
déjà», assure Stefan Guggisberg, directeur de la société zurichoise
Multanova. Pour l'été 2011, il espère proposer la détection de la
palette complète.
La technologie utilisée, comparable à celle embarquée dans les
avions, permet de connaître la position exacte de chaque objet dans
l'espace et de suivre son mouvement. Le système est couplé à une caméra
haute précision, qui prend six images par seconde, afin de fournir la
preuve visuelle de l'infraction devant les tribunaux. S'y ajoute encore
un appareil photo classique, qui tire le portrait du conducteur au
moment du flash.
Premières amendes à la fin du mois«Cela fait
longtemps qu'on attend cette technologie», assure Walter Fasel, chef de
la section trafic, acoustique et vibration à l'Office fédéral de
métrologie (Metas). C'est lui qui a homologué l'appareil au mois de mai
et, à ses yeux, «pas besoin d'adapter la législation pour sanctionner
les autres infractions».
Avant de commencer à envoyer les premières amendes, la police
cantonale genevoise attend encore la visite d'un spécialiste de Metas,
prévue à la fin du mois d'août. «Pour tous les nouveaux systèmes, nous
nous rendons sur les lieux afin d'autoriser en plus la mise en service
des emplacements», explique Walter Fasel.
Après cette formalité, le premier appareil trônera sur la berme
centrale, juste en face de l'horloge fleurie, 28 quai Général-Guisan, et
scrutera les quatre voies venant du pont du Mont-Blanc.
Un second emplacement est envisagé au boulevard du pont d'Arve et un
troisième à Versoix Montfleury. Mais attention: l'appareil vient se
loger dans les boîtiers radars conventionnels. «En théorie, nous
pourrons placer le SR590 dans tous nos emplacements», explique le
maréchal Pecorini. Et, qu'on se le dise, Genève en compte plus de
cent...
Le super-radar intéresse déjà de nombreuses polices. Le Tessin a, lui
aussi, reçu un appareil et va l'installer bientôt. La police cantonale
zurichoise, elle, «examine une éventuelle acquisition», selon la
porte-parole Cornelia Schuoler. La police cantonale de Bâle-Campagne,
pour sa part, affirme qu'elle suivra «attentivement» les premiers
enseignements à Genève.
Bientôt à Lausanne?En Suisse romande, si les
polices cantonales de Neuchâtel ou de Vaud n'ont rien prévu pour
l'instant, la Ville de Lausanne pourrait suivre rapidement. Il faut dire
qu'elle est équipée de radars de Multanova depuis des années et devrait
assez logiquement évoluer vers ceux de la dernière génération lors du
renouvellement de ses appareils.
«Il serait dommage de se priver de ces nouvelles technologies»,
estime le capitaine Michel Blanc, chef de la division sécurité, trafic
et stationnement à la police municipale. Pour l'heure, toutefois,
l'achat d'un tel radar n'est pas décidé. Il préfère attendre les
premières expériences avant de trancher.
150 appareils dans deux ansLe patron de
Multanova, Stefan Guggisberg, a toutes les raisons d'être confiant.
D'ici à la fin de l'année, il compte vendre une vingtaine d'appareils en
Suisse, 50 en 2011, et 80 en 2012.
Il faut dire qu'en ville de Lausanne, par exemple, le non-respect des
priorités - que seuls des policiers sur le terrain peuvent sanctionner
pour l'heure - est la troisième cause d'accidents.
Sur les voies rapides ou les autoroutes, la possibilité de contrôler
les distances par rapport au véhicule précédent est également attendue
avec impatience. Le non-respect de cette distance de sécurité (on doit
se tenir à 0,6 seconde au moins) y est la deuxième cause d'accidents
après la vitesse.